El jem

Poussez les portes de l’Histoire et découvrez El Jem, la Cité éternelle

Amphithéâtre d’El Jem, Patrimoine Mondial de l’UNESCO

On imagine mal de nos jours le paysage urbain et le skyline d’El Jem sans son célèbre amphithéâtre. Tel qu’il a été perçu depuis tous les temps, le monument avait toujours subjugué et impressionné les voyageurs au point de le considérer comme une des merveilles du monde et l’associer à une histoire fabuleuse et mythique. Il a dû servir souvent de bastion de résistance aux populations au point où il avait subi d’importants dégâts suite à des bombardements en 1695 et en 1850. Impressionnant par son architecture grandiose et par ses proportions harmonieuses, l’amphithéâtre d’El Jem est considéré comme une véritable merveille, c’est à juste raison que l’UNESCO l’avait inscrit depuis le 26 octobre 1979 sur la liste du patrimoine mondial. Destiné à l’origine à l’organisation des spectacles publics divers et reproduisant celui de Rome, cet amphithéâtre passe pour une des plus belles réalisations de l’architecture classique romaine et compte parmi les trois plus importants amphithéâtres au monde.
Des trois amphithéâtres de Thysdrus, celui-ci est le plus récent. Il semble avoir été offert à la ville par l’empereur Gordien III (238-244) comme reconnaissance à la consécration de son grand-père à la tête de l’Empire par les citoyens de Thysdrus. Le monument a la forme d’une immense ellipse de grosses pierres taillées, sculptées et ciselées divisée selon les grands axes en secteurs symétriques où les gradins, escaliers et galeries prennent appui sur des voutes tenues par tout un ingénieux système de piliers et d’arcs. Vu de l’extérieur le monument présente un aspect massif où la façade présente trois niveaux de soixante-quatre séries d’arcades superposés et marqués par des colonnes demi-engagées. Deux grandes portes d’entrée de 4,50 m de large sont situées aux extrémités du grand axe. Les sous-sols de l’arène d’environ 628 m2 de superficie sont aménagés pour recevoir des fauves qu’on destinait aux spectacles. Ses dimensions sont de 147,90 m sur 122, 20 m pour les grands axes, l’arène est de 64 m sur 39 m et la hauteur atteint 36 m à l’extérieur. L’ensemble des gradins pouvait accueillir jusqu’à 30.000 places, presque les trois quarts de l’ensemble des habitants de la cité antique. C’était ici où l’on organisait des combats des gladiateurs, des jeux du cirque, de la chasse d’animaux sauvages ou encore des reconstitutions de batailles navales. Indice fort distinctif du degré de la romanisation de l’Afrique et symbole de la réussite indéniable d’une société prospère devenue une société de spectacles, l’amphithéâtre est un des hauts lieux de la cité romano-africaine.
Signe des temps, là où rugissaient autrefois des lions excités par des gladiateurs sanguinaires, des milliers de mélomanes, venus du monde entier, se délectent des chefs-d’œuvre de la grande musique classique du festival international de musique symphonique. Autrement, l’amphithéâtre d’El Jem reste l’un des monuments le plus visité en Tunisie. Un authentique monument vivant.

Musée d’El Jem

Le musée d’El Jem est situé à proximité de l’amphithéâtre de Thysdrus, il est aménagé à l‘emplacement d’une villa romaine. Dans une présentation très didactique, le musée vous invite à un véritable voyage dans le temps grâce à de véritables témoins uniques et précieux présentés par une riche et exceptionnelle collection de mosaïques allant du IIe s. au Ve s. On y découvre de nombreuses mosaïques soit géométriques ou figuratives avec souvent la représentation des animaux sauvages, des scènes de chasse mais aussi des scènes de la vie sauvage, comme celles trouvées dans la « maison de la procession dionysiaque » où l’on voit un tigre attaquant deux onagres et des lions dévorant un sanglier. Souvent la vie quotidienne est un thème typique et constant des mosaïstes africains. L’art de la mosaïque n’étant qu’un aspect de cette vie artistique de l’Antiquité, le musée présente notamment des sculptures de divinités et d’empereurs.
Le musée donne accès au parc archéologique où se trouvent les vestiges de trois villas romaines importantes dont la villa du paon. Il faut ajouter en plus du musée l’importante villa Africa célèbre par deux superbes mosaïques datées du IIe s. du temps d’Antonin le Pieux et de Marc Aurèle. La première est une œuvre rare dans l’art de la mosaïque africaine, il s’agit de la représentation de la déesse Africa, dispensatrice de la fertilité et de la prospérité. Sa tête est surmontée d’une dépouille d’éléphant et rayonne sur les quatre saisons sous forme de bustes. L’œuvre est datée du II e s. c’est un pavement carré de 1,60 m de côté et semble constituer l’élément central d’une salle d’accueil. La seconde œuvre représente curieusement Rome assise sur des armes amassées et tenant un globe dans sa pomme droite et une lance dans sa main gauche. Tout autour des allégories qui semblent représenter les principales provinces de l’Empire romain y compris la déesse Africa coiffée d’une dépouille d’éléphant. Le tableau est de forme carrée d’environ 3,50 de côté, il décorait vraisemblablement une chambre à coucher de 6 m sur 4,50 m qui juxtaposait la pièce décrite précédemment. D’autres représentations en rapport avec les provinces et les grandes métropoles romaines devaient faire l’objet d’identification.
Pour l’intelligence de l’univers de l’art de la mosaïque on avait exposé plusieurs tableaux explicatifs sur les techniques de construction et l’art ainsi que la position sociale du mosaïste. Il faut remarquer que ces nombreuses et différentes mosaïques sont généralement des véritables albums et reportages qui nous décrivent un environnement et des perceptions d’un univers immatériel exceptionnel qu’on ne peut saisir que par cette imagerie. Thydrus est non seulement un somptueux et opulent foyer artistique mais c’est surtout une école où l’école africaine de la mosaïque avait produit ses plus belles œuvres. Des lieux raffinés et luxueux telles que les maisons de Lucius Verus, des Dauphins, du Paon, de la Sollertiana et d’Africa illustrent la prospérité économique, la qualité de la Cité à la l’époque et le degré d’épanouissement socio-culturel.

Thysdrus, les journées romaines d’El Jem
Chaque année durant trois jours, nos invités feront un voyage de 1800 ans dans le passé pour expérimenter un passionnant retour à nos origines et appréhender la civilisation de nos ancêtres les Romains dans toute sa diversité.
Les journées romaines sont une mise en valeur de la richesse de notre passé qui permet au public de mieux comprendre ce qu’était la vie quotidienne à Thysdrus à l’époque de la domination romaine.
Des nouvelles animations seront proposées pour les petits et les grands et les festivités se termineront par des combats des gladiateurs, de la musique antique et des représentations théâtrales orneront ses journées exceptionnelles.

Un peu d’Histoire…

Même si les origines historiques d’El Jem restent obscures, c’était par ce rôle nourricier que la ville apparaissait à l’histoire. D’origine libyco-punique, elle sera révélée à l’histoire grâce aux épisodes de la guerre de César en Afrique en 47 av. J.-C. La cité gardera son autonomie sous le statut d’ « oppidum liberum ». La ville connaitra sa prospérité au II-IIIe s. avec les Antonins et les Sévères, l’époque où l’on construisit les principaux monuments. Grâce à sa position de nœud et à ses activités agricoles et commerciales la ville s’était imposé comme une véritable métropole économique, on l’avait qualifiée de capitale de l’huile de la Byzacène. On l’éleva, sous Septime Sévère, au rang de Municipe et obtiendra au milieu du IIIe s. le statut de colonie honoraire. C’est à la suite d’une augmentation des impôts que la ville entra en 238 en sédition ouverte contre le pouvoir et amena Gordien, le proconsul de Carthage, à la tête de l’Empire.

Thysdrus, une des cinq grandes métropoles africaines
De cette longue histoire antique, on doit retenir que la Tisdra pré romaine, d’origine libyco-punique, a dû connaitre un urbanisme ancien d’inspiration punique. Pour l’époque romaine, il faut attendre les Flaviens pour observer une nouvelle évolution urbaine marquée par un urbanisme régulier. C’est avec les Antonins que la cité connaitra sa véritable prospérité et se dotera de sa parure monumentale. Paradoxalement, c’est à partir du règne des Gordiens en 238 qu’on recèle les débuts de la décadence de la cité. Quoiqu’il en soit cette longue histoire urbaine de Thysdrus devait donner lieu à un important site archéologique. Etendu sur plus de 180 hectares, où l’on avait estimé la population de l’époque à 40.000 habitants.

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